Hélène, Maria, GeorgesIMG_1865decupatmic

Ma très chère Hélène,

Pour que ton nom soit complet, il faut y ajouter : Douceur, Délicatesse, Générosité et Amitié.

Je t’ai connue à Paris, aux côtés de l’écrivain Georges Astaloş, tous les deux – les bras ouverts pour accueillir les Roumains qui s’échappaient – temporairement ou définitivement – au régime communiste.

Chez vous, la convivialité était la « tonalité » usuelle et le désir d’aider le « voyageur égaré » à Paris – d’où qu’il vînt, où qu’il allât – ne tarissait point.

Née le 29 juillet 1925 au sud-ouest de la France, attachée à la Normandie dont tu aimais et connaissais bien la ville de Rouen, Hélène, tu étais pour moi, en fait, la Parisienne que je recherchais pour le plaisir de t’entendre parler un beau français que moi – professeur de français formé en Roumanie, prenais pour modèle.

Toujours prête à comprendre nos soucis – sans que tu en parles des tiens – tu « activais », pour aider les gens, ton sens de la réalité et ta sagesse.

Votre décision de rester des périodes plus longues à Bucarest nous a réjouis. C’était notre tour de faire preuve de l’amitié que nous vous portions. Promenades au parc Cişmigiu, bavardage en tête à tête, emplettes au supermarché, spectacles ou entretiens – tout sous le signe de la confiance mutuelle  – restent bien gravés dans notre mémoire. J’avais du plaisir de plaisanter avec toi qui, avec un humour spontané, mettais toujours le point sur le I. Et, on chantait toutes les deux, on éclatait en rires. T’en souviens-tu ?

Lorsque tu m’as fait don des quelques livres écrits par ton frère André de Lyon – j’ai compris que tu me confiais aussi le sentiment fraternel et l’admiration que tu avais pour lui.

Chaque fois que je me rendais chez vous, tu me demandais « Comment va ton fils ? ». Et ça me caressait le cœur. Mais, sous cette question simple, sous ce terme générique « fils », il me semblait voir ta pensée douce s’envoler vers ton fils Marc, vers tes petits fils, vers toute leur famille dont, très discrètement, tu étais fière. Je te demandais comment allait aussi ta fille et tu ne me répondais rien. Il me semblait qu’une larme invisible glissait dans ton cœur pour tes enfants lorsque tu me demandais Comment va ton fils ?

Tu pars dans un long voyage sur la route que mon mari Costan avait empruntée il y a 3 ans. En ce novembre pluvieux 2010, toi et Georges, vous étiez à nos côtés pour lui dire adieu. Aujourd’hui, par un hiver blanc et froid, notre très chère Hélène, notre douce amie, moi – Mariuca et Ionuţ – mon fils, nous t’embrassons une dernière fois, tout en gardant le souvenir de ton sourire et d’une amitié précieuse.