Georges w

 

Cher Georges,

Ton nom a reçu dans notre esprit et dans notre âme, la résonnance sonore que Hélène – ton épouse – lui l’avait imprimé lorsqu’elle t’appelait d’une voix veloutée « Georges ! ». A ton tour, tu l’appelais Hélène, avec un h sonore, malgré les règles françaises – soulignant qu’elle était pour toi – unique. Son départ inattendu en février, t’a affecté à tel point, que ton être refusait de rester seul et se hâtait de la rejoindre « Là HAUT ».

De ceux que tu préférais ces derniers temps, j’ai connu M. Vasile Anghelache – artiste peintre – qui t’avait entouré avec une chaleur amicale particulière. A tout coup de fil, nous attendions de lui des nouvelles sur toi et nous pensions que les projets verbaux que tu lui confiais étaient bon signe, signe que tu souhaitais reprendre ton écriture, accomplir ta promesse d’écrire un livre sur Hélène.

Quelques heures avant ton « départ », Ionuţ – mon fils a eu le privilège de te visiter, de te faire prendre quelques cuillerées de soupe et de purée que j’avais préparées pour toi. Le long des années, tu appréciais mes plats faits d’après des recettes de Transylvanie.

J’avais eu aussi le plaisir de rédiger, dans un petit volume sur la littérature francophone d’origine roumaine, le texte sur ta vie et ton œuvre littéraire. Modeste contribution – par rapport à ce que d’autres ont fait pour toi et pour ta création  – mais pleine d’affection amicale, dont les bases avaient été jetées avant même ton départ à Paris, entre toi et mon mari, le peintre Costantin Dipşe. Je ne manquerai pas à parler, à l’avenir, de cette amitié.

Adieu, notre cher ami, Georges.

Maria et Ionuţ Dipşe

 

 

Extrait de l’ouvrage Aperçu des écrivains francophones d’origine roumaine:

 

Aperçu coperta

I. La vie

Né à Bucarest le 4 octobre 1933.

Dramaturge, essayiste, poète et critique, il débute en 1948, en poésie. Diplômé de l’école d’officiers de topogéodésie (promotion 1953), il démissionne de l’armée en 1964 avec le grade de capitaine. Il se fait connaître en Europe et aux Etats-Unis en 1968, lorsque le théâtre Cassandre de Bucarest monte sa pièce « Les soldats arrivent »,  juste au moment de l’invasion de la  Tchécoslovaquie par les troupes du Pacte de Varsovie. Peu après, en 1970, il reçoit le prix National de Lettres (de l’Union des Ecrivains Roumains). En 1971, lors du Congrès PEN Club International de Piran (Slovénie), Pierre Emmanuel de l’Académie Française, lui offre une bourse du gouvernement français. L’écrivain s’installe définitivement à Paris et poursuit avec persévérance la voie de son destin littéraire dans l’Occident de toutes les possibilités. Très tôt, il est rédacteur en chef de la prestigieuse revue plurilingue Nouvelle Europe.

II. L’œuvre

La poésie – éditée en France, Italie, Roumanie, Allemagne, Turquie, Macédoine, Bulgarie, Angleterre, Espagne, Tunisie, Luxembourg, Canada et Etats-Unis.

La marelle (Roumanie 1970); La lingua del canario (Italie 1974); Bordel à merde (France 1975); Aqua mater (Italie 1984); Symétries(Luxembourg1986); PoèmesRhétoriques (Roumanie 1991); Magma (Italie 1992); L’équation du silence (Roumanie 1996). Parcours (Roumanie 1994); Chant de bagne (Roumanie 1999); Rhétoriques,bilingue (Roumanie 2001); Six anthologies de poésie roumaine en français (Roumanie 2000/2004).

Etudes analytiques, essais et articles critiques – plus de quatre cents. Ses écrits ont inspiré plusieurs thèses de doctorat et de diplômes universitaires en France (Sorbonne), Suisse (Faculté de droit/ Lausanne), Japon (faculté de langue et de Littérature française/ Tokyo), Roumanie (Académie de Théâtre de Bucarest et de Iassy).

Il est également auteur d’une dizaine de glossaires d’argot. Son essai sur «La Pluridimensionnalité du Théâtre» a constitué l’un des pivots référentiels du Congrès d’Athènes, organisé par le Conseil de l’Europe sur le thème: «L’Avenir des Arts du Spectacle» (1976).

Théâtre floral-spatial, essai, 1972 (Luxembourg); La pluridimensionnalité du théâtre, essai, 1973 (Belgique et Canada);Théâtre floral-spatial, essai, 1973 (Italie);Théâtre art référentiel, essai, 1976 (France); La vocation de la poésie à l’ère de latechnologie, essai(entre 1982/1991: Espagne, France, Italie, Allemagne, Roumanie, Luxembourg et Macédoine); Odeur d’argent, roman, 1995 (Roumanie); Si mauvais soitle pain, entretiens, 1997 (Roumanie); Utopies, essais, 1997(Roumanie);  Si mauvais, interview, deuxième tome, 1999(Roumanie); Son excellence, le sport, essais,2000 (Roumanie); Dissertation sur l’argent, essai 2000 (France); Exil, mémoires, 2003 (Roumanie); Epistolaire Parisien, 2004 (Roumanie).

Son théâtre a été et continue d’être représenté sur les scènes de Paris, Londres, New-York, Bonn, Athènes, Copenhague, Ankara, Washington, Dortmund, Ottawa, Metz, Edmonton, Tel-Aviv, Rocamadour, Karlsruhe, Madrid, Lisbonne, Lyon, Barcelone, Stockholm, Braga, Sydney, Melbourne etc.

Fondateur du Théâtre de l’Intrusion, centré sur le paradoxe esthétique, il est l’auteur de la théorie de la Pluridimensionnalité du théâtre et de la pulvérisation de l’action dans l’espace de jeu.

Les soldats arrivent et autres pièces, 1970 (Roumanie); Trois pièces en un acte, 1970 (Roumanie); Théâtre révolver, 1970 (Roumanie); Robespierre, 1991 (Roumanie); Contestatory Vision, 1991 (USA); Robespierre, 1994 (Macédoine); Politikon, 1997 (Roumanie); Napoléon, 1997 (Roumanie); Le salon de thé, 2001 (Roumanie); Qu’allons-nous faire sans Willi, version allemande,2001 (Allemagne); Une prière detrop,version portugaise, 2002 (Portugal); Huit trilogies en français, 2004 (Editions Capitol, Roumanie).

 

III. Références

Nouvelle Europe, n° 70/73, 1991/1992: « Le théâtre de l’intrusion est né. Georges Astalos l’a conçu … cet écrivain français d’origine roumaine est, à notre connaissance, le seul dramaturge qui soit arrivé au théâtre par le biais de la théorie … il a d’abord défini sa conception de l’art du spectacle … et seulement après il a abordé l’écriture dramatique. »

Weekend, anul I, nr 22 sept. 2003: « Teatrul lui Astaloş … teatru de incitare, teatru metaforic, un teatru subtil al intenţiilor »

Valeurs actuelles (septembre 1972); Arte Nyt (nr 4, maj 76, Copenhague); Le franco (Canada, 18 avril 1980); Nouvelle Europe art-lettre-science (n° 31, 32 1980; n° 62-63 1989; n° 70-73 1991/ 92). Dortmunder Zeitung (12April 1989); West Falen Post (18 april 1989); City Paper (vol.11 n°.20, May 17-23, 1991); Publico (27 de Septembro de 2002, anno XIIIe, n° 4573).

Alain Vuillemin Université d’Artois Collège de Littérature Comparée, Sur l’empreinte de l’exil de Georges Astalos« Ils (les personnages) n’ont pas compris, comme Georges Astalos le suggère à partir de sa propre expérience, que «le vrai exil est en nous », que « l’on ne fait pas du neuf avec du vieux », que « l’on ne revient jamais sur ses pas » et que « l’exilé meurt deux fois » Ces quatre aphorismes sentencieux résument sa conviction. L’exil est une tragédie, une aventure qui finit mal. Qui s’est expatrié ne retrouvera  jamais sa patrie. »